Nés dans la région de Kyushu au Japon au tournant du XVIIe siècle, les vases Imari et Arita comptent parmi les porcelaines les plus emblématiques de l’archipel nippon. Exportés massivement vers l’Europe dès le XVIIe siècle, ils fascinent encore aujourd’hui les collectionneurs par leur palette vibrante, leurs compositions dynamiques et leur élégance singulière.
Mais comment les reconnaître, quelle est leur histoire, et comment en évaluer la valeur aujourd’hui ?
Arita : berceau de la porcelaine japonaise
C’est dans la ville d’Arita, sur l’île de Kyushu, que la porcelaine japonaise naît au début du XVIIe siècle. Après la découverte d’un gisement de kaolin dans les environs, les artisans coréens installés au Japon développent des techniques inspirées de la porcelaine chinoise, tout en créant un style proprement japonais.
Les premiers vases d’Arita, appelés Shoki Imari, sont destinés au marché local : ils présentent un décor bleu sous couverte, sobre, sur une pâte légèrement grise ou crème.
Imari : l’âge d’or de l’exportation vers l’Europe
À partir de 1650, les porcelaines d’Arita commencent à être exportées via le port d’Imari par les navires de la Compagnie hollandaise des Indes orientales. Le terme « Imari » désigne ainsi, en Europe, l’ensemble des porcelaines d’Arita exportées au XVIIe et XVIIIe siècles. Les vases Imari se distinguent par :
- Une palette colorée typique : bleu de cobalt sous glaçure, rehauts rouge et or sur glaçure
- Des décors exubérants : fleurs, oiseaux, cartouches asymétriques, dragons, chrysanthèmes
- Des formes adaptées au goût européen : vases balustres, pots à couvercle, urnes décoratives
Ces pièces séduisent la noblesse et les grandes familles européennes : on en retrouve dans les collections royales anglaises, françaises ou hollandaises.
Kakiemon, Nabeshima… des styles proches mais distincts
Il existe d’autres styles de porcelaine japonaise de la même région :
- Kakiemon : décors épurés sur fond blanc laiteux, très élégants, souvent asymétriques
- Nabeshima : productions très raffinées destinées exclusivement à la cour japonaise
Ces pièces sont souvent confondues avec l’Imari, mais se distinguent par leur palette plus subtile, leur raffinement technique et leur provenance restreinte.
Comment reconnaître un vase Imari ou Arita authentique ?
Pour identifier un vase Imari d’époque (et non une copie ultérieure ou une réplique moderne), plusieurs critères sont à examiner :
- La pâte : fine, légèrement ivoire ; souvent plus lourde que celle des porcelaines chinoises
- Le décor : disposition asymétrique des cartouches, profondeur du rouge de fer, dorures patinées
- La base : souvent non émaillée ou partiellement émaillée, avec traces de cuisson
- Les marques : rares ou absentes sur les pièces du XVIIe ; plus fréquentes au XIXe siècle, parfois en caractères japonais ou pseudo-chinois
Attention : de nombreuses reproductions ont été fabriquées à partir du XIXe siècle pour le marché européen. Certaines pièces peuvent être authentiques mais plus tardives, ce qui influence fortement leur valeur.
Marché actuel et intérêt des collectionneurs
Les vases Imari et Arita bénéficient d’un regain d’intérêt depuis les années 2000, notamment en raison de leur histoire transnationale et de leur forte valeur décorative. Les grandes pièces d’époque Edo, bien conservées, peuvent atteindre plusieurs milliers d’euros, voire plus selon leur rareté et leur qualité.
Les vases exportés au XVIIIe siècle, parfois intégrés à des ensembles décoratifs (cheminées, cabinets de curiosités…), suscitent aussi un vif intérêt chez les décorateurs et antiquaires européens.
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